Cinécaro#23 - Mardi 13 mars 2018 à 19h30

Un héros très discret

UN FILM DE JACQUES AUDIARD (107'-1996).
Suivi d'un débat avec Alain Le Henry, scénariste du film.

A travers les aventures d’un usurpateur médiocre, Jacques Audiard métaphorise le mythe gaullien de la France résistante. Représentation mentale de l’immédiat après-guerre, Un Héros très discret prend acte des ambiguïtés de l’époque. Albert Dehousse, c’est Fabrice Del Dongo à la bataille de Waterloo : une ombre fureteuse qui regarde la lune et les étoiles alors que l’histoire se déroule sous ses yeux, à ses pieds. Pas lâche, encore moins héros, Albert Dehousse reste à l’écart du combat, sans doute parce qu’il est incapable d’en saisir les enjeux.

Acteurs :

Avec Mathieu Kassovitz, Albert Dupontel, Anouk Grinberg, Sandrine Kiberlain, Jean-Louis Trintignant…

Fiche technique :

Réalisation : Jacques Audiard
Scénario : Alain Le Henry et Jacques Audiard, d’après un roman de Jean-François Deniau
Production : Patrick Godeau
Musique : Alexandre Desplat
Photographie : Jean-Marc Fabre
Montage : Juliette Welfling
Prix du meilleur scénario au Festival de Cannes 1996

Synopsis :

Albert Dehousse s’enivre depuis son enfance de romans héroïques, vivant par procuration dans un monde imaginaire. Sa vie n’est malheureusement pas aussi exaltante dans la petite ville paisible du Nord de la France où il réside avec sa mère qui vit dans la mémoire d’un père disparu, officiellement héros de la Grande Guerre, mais en fait alcoolique invétéré. La Seconde Guerre mondiale passe sans même y laisser de traces, ôtant peut-être à Albert l’occasion justement de devenir un héros. Il laisse donc son mariage de côté et monte à Paris où l’on célèbre les héros de la Résistance française.
Sans un sou, Albert Dehousse mendie à la sortie d’un cabaret en septembre 1944. Il fait la rencontre du capitaine Dionnet qui un temps le prend sous sa coupe, lui donnant indirectement des conseils, et lui permet de trouver un logement. Après avoir été secrétaire particulier d’un ancien collaborateur, Jo, il décide de monter un stratagème pour intégrer le milieu de la Résistance, qui fête régulièrement ses anciens faits d’armes. S’inventant un passé d’ancien Français libre à Londres, il parvient au culot à se faire accepter par les membres d’un réseau. Devant la crédibilité de ses mensonges, pour la plupart bâtis autour de petits détails qui donnent un grand sens de véracité à ses dires, et malgré les doutes de certaines personnes, il en vient à être proposé pour tenir le rôle de conseiller dans l’administration chargée de l’épuration et des nominations.
Grâce à son efficacité dans ses fonctions, grandement servie par sa mémoire des listes des connaissances de Jo, Albert est finalement nommé lieutenant-colonel au titre de ses faits de résistance et ira à Baden-Baden avec les troupes françaises d’occupation pour gérer un bureau militaire. Continuant à tromper son monde, et se montrant finalement à la hauteur de sa charge militaire, il intègre la communauté française locale, se fait petit à petit accepter par ses subordonnés, qui, bien que sceptiques, sont sous l’emprise de Dehousse. Cependant, son usurpation est trop lourde à porter et devant les questions de sa compagne, il avoue la supercherie et signe une lettre d’aveux. Condamné pour la forme, pour ne pas ébruiter le scandale, il fait trois ans de prison et continuera pendant plus de 30 ans à occuper diverses fonctions par des usurpations successives.

Le débat se fera avec Alain LE HENRY, le scénariste du film.
Scénariste connu et reconnu il a travaillé avec Diane Kurys (Diabolo menthe), Alexandre Arcady (Le grand pardon),
Luc Besson (Subway), Régis Wargnier (Indochine), Jacques Audiard (Regarde les hommes tomber), Claude Miller (Je suis heureux que ma mère soit vivante).

Bande annonce

 

Archive INA mai 1996